Quand la ville dort
«(…) Ces photographies inscrivent un temps hors du temps, car trop plein de temps : un bloc de durée. Un temps qui convoque des plans de cinéma, ceux qui se situent entre la narration, la suspendant autant qu’ils la relancent. Ces épisodes particuliers où la caméra hante une ville, s’attarde dans l’épaisseur de la nuit, distillant un ailleurs dont se nourrit abondamment le flot narratif, qu’ils s’agissent de films noirs ou d’autres drames (…)» Yann Beauvais in Cinema, Street Level Photoworks.
Réalisées «Quand la ville dort», ces photographies mettent en scène toutes ces architectures que personne ne regarde plus, insignifiantes et communes tant elles font partie de notre environnement quotidien. Le regard se concentre sur les architectures et les espaces “entre”, intermédiaires, les coins sombres, les croisement de rues, les parties de ville délaissées. Les espaces positifs et négatifs sont mis en équilibre. Ce sont des mises en scènes, vides de présence humaine mais porteuses d’un potentiel narratif.
À celles-ci s’ajoutent des reproductions de romans de gares, ces livres bons marchés achetés pour occuper le temps d’un voyage, illustration d’un monde de fiction, d’imaginaire et de fantasmes répétant encore et toujours les mêmes poncifs. Une culture populaire, une littérature vulgaire apparentée à une vision sombre de la vie urbaine, paranoïaque, pleine d’armes à feu, d’espions, de gangsters, de détectives, de femmes dénudées, de manœuvres militaires et de climats politiques tendus — une tautologie négative de la ville.